Maddalena Zora Schulz

Ville fantasque, baroque, théâtre chatoyant de la vie quotidienne, Lena ouvre les yeux pour la première fois sur la superbe ville de Rome. Fille d'un diplomate allemand et d'une chorégraphe italienne, icône vivante d'une improbable histoire d'amour, Maddalena Zora Schulz ne sait pas encore que la vie lui a réservé son meilleur cru.
Dès l'enfance, Lena comprend rapidement ce qui l'attend : des déplacements imprévus sans cesse. Mais leur point de chute reste Rome, où Lena attend souvent son père des semaines durant. Sa mère travaille dur, passionnée par son métier. Bientôt, Lena est mise à la danse par sa mère. La gamine s'applique, mais le modern-jazz ne produit pas chez elle le coup de foudre escompté par sa génitrice : sa vraie passion se révèle lorsque la mère emmène avec elle l'enfant chez des amis en Toscane. Eleveurs de chevaux passionnés, la petite Maddalena attrape le virus et, rentrée chez elle, demande à suivre des cours d'équitation. Sa mère, ravie de voir sa fille habituellement si étourdie se concentrer sur une activité, accède à ses désirs.
Mais Lena n'a pas le temps de profiter : son père doit rentrer en Allemagne. Définitivement. C'est le déchirement. Lena ne comprend plus comment ses parents, qui s'aimaient, se disputent soudai à tout va. L'explication est simple, mais l'enfant a encore du mal à la saisir tant elle semble irraisonnée à ses yeux : romaine depuis sa naissance, sa mère refuse de quitter sa ville. Pourtant elle le fait finalement, par amour, mais elle tombe dans une dépression profonde. Désemparé et terrifié à l'idée de perdre sa femme, le père renvoie sa femme à Rome. Les résultats sont immédiats : elle reprend du poil de la bête.
Vivant tant bien que mal dans cet étrange ménage à distance, Lena partage sa vie entre de longues périodes à Rome avec sa mère et quelques rares épisodes avec son père. Elle abandonne les chevaux, plus parce qu'il devient impossible de monter régulièrement en changeant sans cesse de lieu de vie que parce qu'elle n'aime plus monter. La vie continue... jusqu'à ses 18 ans.
Son père emménage comme ambassadeur en Argentine, et Lena choisit d'aller habiter là-bas, en suivant des études par correspondance. Rapidement, elle cherche un travail, et se fait engager dans un ranch pour s'occuper des chevaux. Mal acceptée au début, elle comprend que si elle veut se faire adopter dans un milieu d'hommes, elle va devoir devenir un homme. Et comme d'habitude, la jeune italienne ne fait pas les choses à moitié : elle abandonne ses longs cheveux sombres, et de quelques coups de ciseaux, se fait une coupe garçonne. Elle ne s'habille plus qu'en jean, en chemise et en cuir. La réaction ne se fait pas attendre : les Gauchos l'acceptent mieux, et elle apprend à monter. Plutôt que de la laisser à la maison, ils l'emmènent avec elle chercher les troupeaux. Elle apprend sur le tas l'équitation de travail et adopte rapidement la race équine du coin : les Criollos.
Entre temps, elle suit un stage de quelques mois aux Etats-Unis pour apprendre la méthode Monty Roberts.
Puis un jour, elle le voit. Capturé avec les autres chevaux à débourrer, il se débat comme un beau diable, refusant l'évidence, prouvant à ces bipèdes qu'il ne se laissera jamais dominer. Un bel étalon sabino, aux allures souples et confortables, et apparemment à la résistance sans failles : ils l'ont suivi cinq jours avant de réussir à le coincer, et il en a encore à revendre. Elle propose au patron de l'acheter, ce qu'il accepte tout de suite. trop sauvage pour une « poupée », disaient-ils en riant. Mais la poupée leur en met plein la vue grâce à la méthode apprise aux US. Le cheval comprend rapidement qu'on lui propose un contrat : il n'a rien perdu. Elle le baptise Scipio Africanus en l'honneur de la licence de philologie romane qu'elle obtient quelques semaines après.
Scipio se montre rapidement un excellent cheval de travail, mais surtout un randonneur hors pair : le pied sûr, courageux et volontaire, cavalière et étalon apprennent à se faire confiance. Elle participe à beaucoup de courses d'endurance et se fait un nom dans le milieu.
Lorsque son père lui annonce qu'il doit rejoindre l'Australie, c'est l'horreur : abandonner Scipio ici ? C'est la mort assurée pour ce leader qui ne se laissera jamais dompter par un Gaucho. La solution lui arrive un matin par courrier : Rosebury's Academy accepte de la voir devenir professeur au sein de l'école et de compléter le peu qu'il manque à la somme donnée par ses parents pour le transport de Scipio jusqu'en Australie.